26 juillet 2021 _série impromptus
Une voix magnifique s’est éteinte en ce mois de juillet 2021, celle de Margarida Guia.
Elle avait un timbre ô combien singulier, toujours au bord de la rupture mais chargé d’une immense énergie, passant de souffles chuchotés à une exclamation remplissant soudain l’espace de toute une place. Ses intonations sonnaient comme une langue inattendue, immédiatement familière et totalement nouvelle. Une langue rare a disparu.
Franco-portugaise, Margarida était née en 1972 à Bressuire et vivait à Bruxelles depuis la fin des années 2000. Son parcours artistique avait débuté, en 2002, par une bibliothèque à roulettes qu’elle promenait en Europe, s’arrêtant dans une galerie ou au coin de la rue pour lire à voix haute des textes choisis à qui voulait. Création et engagement social allaient toujours ensemble. Elle déjouait les frontières, suscitait la rencontre, se plaçait à l’écoute de l’autre avec une générosité et une délicatesse infinies.
À partir de ces déclamations populaires et poétiques, Margarida a déployé en autodidacte bien d’autres pratiques sonores et vocales. Elle se situait au croisement des musiques improvisées, de la performance, de la poésie sonore, du théâtre et de la composition électroacoustique, explorant de multiples formes, seule ou en collectif.
Pour conserver les traces de sa voix, pour la faire résonner encore, pour contribuer à l’histoire toujours méconnue des femmes dans la création sonore, sont réunies ci-dessous quelques premières ressources lacunaires. Afin de les étoffer et en vue d’un femmage plus abouti à Margarida, si vous disposez d’autres documents ou que souhaitez apporter votre témoignage, vous pouvez me contacter.
À propos de Margarida Guia :
Entretiens avec elle :
Créations en solo :
Collaborations :
"L’univers musical de Margarida Guia est comme l’une de ses boîtes à musique qu’elle utilise fréquemment dans ses spectacles — une extraordinaire boîte de résonance, où le bois est devenu corps et les notes de musique deviennent des voyelles et des consonnes. Il y a dans ce petit grand instrument qu’est sa voix, toute la poésie universelle du quotidien, croisant les mots des poètes et auteurs qu’elle affectionne tant. De Samuel Beckett, elle a bu la maîtrise de la pause, respiration entrecoupée, de silence et de mot. Du Jazz, elle a hérité d’une extraordinaire capacité d’écoute et d’improvisation, une formule idéale pour faire ce qu’elle apprécie tant — porter la voix des autres et, entre susurrement et ballade improvisée, elle nous la dévoile à nous tous". Susana Paiva, Paris 2006